•    Avant d'écrire des fictions, Tallis est d'abord un docteur en Psychologie renommé, spécialiste des troubles obsessionnels. Avec Les carnets de Max Libermann (5 livres pour l'instant), l'auteur nous entraîne à Vienne, en Autriche, au début des années 1900, aux côtés du jeune psychiatre Max Libermann et de son ami, l'inspecteur Oskar Reinhardt. Au fil de leurs enquêtes, où se mêlent la persévérance du policier et la perspicacité du docteur, on découvre les splendeurs de Vienne, la place qu'y occupe l'art, et notamment, la musique, dont les deux personnages principaux sont de grands amateurs-pratiquants! Sans oublier les viennoiseries, dont les descriptions, toutes plus appétissantes les unes que les autres, mettent littéralement l'eau à la bouche!

       Je vous propose quelques extraits, accompagnés des photos de l'achitecture d'un des plus beau bâtiment viennois. La Michaelertor (Porte de St Michel) et suite:

     

     

     

     

     
     
    Les mensonges de l'esprit.

     
    L'inspecteur regarda ses filles et fut submergé par  une émotion si puissante qu'il en eut le souffle coupé. Ca n'avait rien à voir avec le sentiment qu'il éprouvait pour sa femme, cette compagne de tous les instants, qu'il aimait d'une douce affection mûrie, bonifiée avec les années comme un excellent vin. Non, c'était vraiment différent. Une émotion primitive, brute, un attachement viscéral violent, combiné à un désir de protéger, quelqu'en soit le prix. Et pourtant, il ressentait de la satisfaction, de la joie. Cette passion pour ses filles était si contradictoire qu'elle défiait toute description.
    La musique avait retrouvé la tonalité majeure et le thème principal revenait. En songeant à tout ce qui le comblait, l'inspecteur leva son journal pour cacher ses yeux humides et la honte singulière qui accompagne l'expression d'un amour incontrôlable, illimité.


    Dès qu'il franchit la porte du café, Liebermann fut assailli par un arôme de café et de cigare auquel se mêlaient mille effluves sucrées (...) Pâtiseries et friandises étaient exposées sur tout l'espace disponible: écorces confites, animaux en massepain, fondants et boules de gomme, énormes tartes couvertes d'une épaisse couche de chocolat, petits gâteaux au gingembre, loukoums, Vanillekipferl*, meringues, pots de crème à la framboise et pots de coulis d'abricot, compotes de poires, pièces de monnqaie enveloppées dans du papier doré ou argenté, Gugelhupf, Apfelstrudel (Kougloff et strudel aux pommes), fruits enrobés d'une pâte craquante, luisants de confiture, feuilletés et Kärtner Reindling (sorte de Kougloff aux raisins et à la canelle). Au milieu de cette profusion, un gâteau rectangulaire couvert d'un glaçage jaune abondant représentait le palais de Schönbrunn.
    *petits croissants vanillés.
     



    Un jour, avant que Freud prenne la parole, Liebermann lui avait demandé quel serait le sujet traité, et le professeur avait répondu:
    - Nous verrons bien. Je suis sûr que mon inconscient a prévu quelque chose.


    - Quelqu'un d'autre a-t-il pénétré dans le laboratoire?
    Reinhardt tourna une page. 
    - Albert, le vieux soldat, et deux élèves chargés de la discipline. Ce sont ces derniers qui ont transporté la dépouille de Zelenka à l'infirmerie.
    - Je vois...
    Liebermann ressera son noeud de cravate en sifflotant un fragment de Bach. Haussman se tourna vers la vitre pour dissimuler un demi-sourire.
    - Ecoute, Max, j'aimerais vraiment que tu sois plus explicite! S'exclama Reinhardt.(...)  J'ai envoyé un télégramme au directeur et je me suis assuré qu'Herr Sommer connaisse l'heure exacte de notre arrivée.
    - Herr Sommer?
    - Oui, Herr Sommer.
    - Pourquoi as-tu fait ça?
    - Tu as affirmé qu'il essayait de nous éviter... qu'il avait menti, j'ai donc supposé...
    - Il a bel et bien essayé de nous éviter et il ment!
    - Alors pourquoi ne veux-tu pas...
    - Lui parler?
    - Oui.
    - Parce que ce n'est pas nécessaire. Son rôle n'est pas aussi décisif que je le pensais.
    -Tu aurais pu m'en avertir! Qu'est-ce qui t'as fait changer d'avis? 
    -Tu veux vraiment le savoir?
    - Bien entendu!
    - Les dragées!
    quand Haussman se tourna de nouveau vers la vitre, son demi-sourire s'était élargi à un point gênant.
    (...)
    Albert, le vieux soldat, était assis sur un banc, le menton enfoncé dans la poitrine. Amplifiée par l'acoustique de la galerie, sa respiration stertoreuse donnait une curieuse impression mécanique: alternance de grincements et de crissements. L'inspecteur s'approcha, lui effleura l'épaule, mais ne le secoua pas. L'expression du vétéran trahissait la bénédiction qu'il avait à être soustrait au joug de la réalité physique. Pris de pitié, Rheinardt retira lentement la main.
    - Je connais le chemin pour aller au bureau d'Eichmann, murmura-t-il. Laissons ce vieillard profiter d'un petit somme réparateur. Tu pourras l'interroger plus tard.
    Liebermann sourit et vit dans ce modeste acte de charité une raison d'espérer. Pour lui, psychanalyste, le salut de l'humanité ne résidait pas dans de grandes idéologies, dans la religion ou les réformes politiques, mais dans d'infimes gestes de générosité. Cette idée lui apportait un certain réconfort, un contrepoids à sa certitude qu'on verrait bientôt à quel point l'Homme pouvait facilement devenir une créature des ténèbres, à quel point les valeurs de la civilisations pouvaient régresser, se ternir lorsque les passions primitives étaient réveillées.
     


     
     
    Du sang sur Vienne
     

    Libermann leva les yeux vers la coupole. Seize angelots dansaient au-dessus des fenêtres rondes, et tout l'édifice était soutenu par des voûtes dorées. Il adorait le Museum d'histoire naturelle. C'était un lieu dans lequel il pouvait s'émerveiller de la diversité de la vie  et mesurer la capacité extraordinaire de la science à déchiffrer les secrets de l'univers.

    Ils entrèrent dans le Volksgarten. Scintillant de gel au clair de lune, le parc s'était mué en enclave enchantée. Des nuages bas, lourds, défilaient au-dessus de leur tête, telles d'énormes créatures marines, et le temple de Thésée, édifice classique, réplique exacte de l'original d' Athènes, se détachait en noir sur la luminosité jaunâtre du ciel urbain. Lorsqu'ils s'approchèrent, la structure, de plus en plus austère et mystérieuse, les attira par son charme étrange, irrésistible. En silence, ils grimpèrent les marches.

     
     
    Sur cette note lugubre, Libermann leva la main et versa le reste des graines dans sa bouche. Puis, après les avoir mâchées avec énergie, il ajouta:
    - Allez, Oskar... raconte, maintenant.
    - Quoi donc?
    - La découverte importante. C'est le but de notre entretien d'aujourd'hui, non? Je dois retourner à l'hôpital dans moins d'une heure, par conséquent, je ne saurais trop insister pour que tu me révèles cette information sans délai.
    - Ha! Voilà que tu as encore deviné. Comment diable as-tu fait?

    Lentement, Libermann se tourna pour considérer le visage las de son ami: les poches sous les yeux, les bajoues, la moustache incongrue, aux pointes crânement retroussées. Une énorme bouffée d'affection l'envahit et il se sentit au bord des larmes. Quelle belle âme généreuse possédait cet homme! songea-t-il.

     

     

    Dans l'Alser Strasse, un groupe chantait des chants de Noël, accompagné par un cymbalum et un violon rustique. L'air était parfumé par un mélange entêtant, grisant, de marrons grillés, de miel et de fumée de cigare. Toute la ville semblait en veine de réjouissances (...) Libermann aspira une goulée d'air et sentit un frisson d'excitation. Qu'il était donc merveilleux d'être en vie...
    (...) Il eut l'impression qu'elle était seule, et pourtant elle était entourée de gens. Elle semblait nimbée d'une lumière voilée, de sorte qu'elle se détachait sur la foule.
    - Miss Lydgate!
    La jeune Anglaise leva la tête et regarda au bas des marches.
     
     

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  • Bien le bonjour!

    Je voudrais juste dire que j'adore le printemps et ses petits rayons de soleil (entrecoupés de pluie en ce moment, soit, mais bon...), ses petites fleurs toutes fraîches au doux parfum... je dis ça, je suis pas allergique au pollen, non plus, donc tout va bien!
    Je comprends tout à fait ceux qui redoutent l'arrivée des beaux jours à cause des yeux qui piquent et du nez qui coule!
    Du coup, au lieu de passer des dimanches aprem entiers devant mon écran, je vais p'tet' aller promener un brin, histoire de perdre un peu de ma blancheur fadasse... et de passer du temps ailleurs qu'entre 4 murs avec mon petit homme!

    Prenez le soleil, braves gens! Profitez!

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  • Et ben! La nouvelle année commence par une nouvelle... augmentation! Ca y est, le carburant va encore nous coûter plus cher. Et pas question de baisser les taxes pour le gouvernement... Ben il faut bien que le ministre Untel finisse de payer les traites de sa nouvelle villa sur la Côte d'Azur! Non, j'invente, mais pourtant c'est tellement crédible, n'est-ce- pas? C'est parce qu'il y a eu des scandales véritables du même ordre, et que l'on sait pertinemment qu'on en découvrira d'autres... Mais, je crois entendre le sage discours moralisateur du président nous sermonant: parce que la planète est en danger, il faut savoir sacrifier ses mauvaises habitudes, et tant pis pour le plein de la Mégane (oups, c'est pas tout à fait une marque, si?!), il faut prendre le bus, ou monter avec son voisin, ou louer un vélo etc..... Ok! Mais commencez donc par nous montrer l'exemple messieurs!

    Et au fait, quand on vit en milieu rural et que le transport en commun est un concept très vague (voire inexistant)... ou quand le cycliste côtoie les camions de quelques cm parce que la municipalité préfère construire un magnifique muret orné de plantations diverses autour de la mairie, plutôt qu'une piste cyclable, on fait comment? Mais enfin, c'est pourtant simple, on voudrait pouvoir travailler pour quelque chose... un bon salaire par exemple, ça semble une bonne idée! On ne serait pas moins écolos pour autant...

    Bon, je passe pour une râleuse, non? Alors trop tard pour faire marche arrière!!! Imaginez que ce matin, je me suis levée avec toutes ces pensées grisâtres (comme le temps d'ailleurs...) et que ça a commencé parce que je n'avais plus beaucoup de cigarettes! Oui, je sais, je suis une vilaine fumeuse qui se ruine et qui songe, évidemment, à arrêter le carnage, de mon compte en banque ET de ma santé... Mais là aussi, je me mets en colère! Depuis quelques années que la campagne anti-tabac a commencé, on a vu fleurir des spots télé également pour prévenir des dangers de l'alcool (au volant, pour l'instant...), du cancer du sein, de la dépression, du SIDA, du cancer de l'utérus à présent, et même des troubles de l'érection... j'en oublie sûrement. Je suis POUR la prévention, c'est utile et nécessaire. Mais je suis CONTRE le forcing! Ma santé doit être une préoccupation si je le veux, et quand je le veux. Il me semble que ce n'est pas à mon patron de me payer des patchs pour que j'arrête de fumer... c'est gentil, mais si je n'en ai pas envie? Je vais passer pour une suicidaire? J'ai 30 ans (environ!!!), alors je voudrais pouvoir décider toute seule d'arrêter comme et quand j'en aurai envie. Du coup, la cigarette étant devenue un produit de luxe, je passerai sans doute aussi pour une snob... mais je suis effectivement OBLIGEE de me rendre à l'évidence: mon dealer me réclame de plus en plus et je me retrouve prise "en otage", par le besoin de nicotine (oui, c'est une drogue, je le reconnais) et par l'obligation de payer très cher ma dose!

    Voilà ce que j'appelle du FORCING, et une tendance obsesionnelle à nous préoccuper de notre santé via les mises en gardes répétées des pouvoirs publics. Et puis quand tout le monde aura une vie parfaitement saine et respirera le bon air ambiant (sans radiations, sans gaz carbonique.......), Quoi, une illusion dites-vous?! Bref, quand on sera SAIN, il faudra passer aux choses sérieuses et préserver les blonds aux yeux bleus... ça ne vous rappelle rien? J'exagère peut-être, mais si on continue à subir une ingérance de plus en plus poussée dans notre façon de gérer notre quotidien, y compris notre santé, le parfum de la tyranie viendra à se faire sentir un peu fort lui aussi!

    Sur ce, passez une bonne journée!


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    Aaaaah! Un bon bain chaud aux senteurs enivrantes et à la mousse crépitant doucement à nos oreilles, tandis que notre corps se détend peu à peu, lèger!

    Je sais bien qu'il est recommandé de favoriser la douche par souci d'économie d'eau... mais c'est si bon! Et lorsqu'on a un bb qui ne peut PAS prendre de douches, on a une bonne excuse pour se glisser dans la baignoire juste après lui et rajouter (un peu) d'eau avec ce qu'il faut* pour faire un BON bain!

    Personnellement, je trouve que c'est également le meilleur endroit pour siroter du champagne... mais je vous rassure, ça ne m'arrive que rarement! Ce qui rend la chose si unique!

    *Je ne sais pas vous, mais moi j'aime ajouter au bain un produit qui sent bon, moussant de préférence ( la mousse forme comme un duvet, en hiver, c'est un plus!)... et le must, c'est un de ces petits galets effervescents que je glisse juste sous mon dos, et là... c'est un mini-massage d'une petite dizaine de minutes, un vrai régal!

    Je trouve que le bain est un très bon moyen de se détendre, non seulement physiquement, mais spirituellement aussi, puisqu'on peut laisser vagabonder son esprit à loisir, mais aussi bouquiner tranquillement, ou tenter les mots flèchés du programme tv (pffffff.... vachement poétique, ça!!!)

    Un peu d'histoire, pour la culture générale...

    Connus et appréciés des Anciens, les bienfaits des bains séduisent également les Francs dès le haut Moyen Age, et au XIIIe siècle, on retrouve à Paris et en province des étuves fréquentées par tous, avec l'approbation des médecins et de l'Eglise, malgré les accusations de débauche. Survivant à la peste freinant son expansion, l'usage du bain inexorablement s'impose. luxe le plus raffiné le disputait aux soins attentifs des serviteurs...

    Le bain était d'un usage fréquent chez les peuples de l'Antiquité, les recherches archéologiques ayant exhumé des établissements consacrés à la propreté du corps datant de 2000 avant J.-C. Les Egyptiens possédaient de telles installations, où le  luxe le plus raffiné le disputait aux soins attentifs des serviteurs...

    Source: www.france-pittoresque.com


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  • S'il n'y avait pas eu l'école pour me faire découvrir les classiques... J'ai toujours aimé lire, mais plutôt des romans modernes, avec une intrigue de préférence. Et je pensais que les vieux bouquins ne retiendraient pas mon attention parce qu'incompréhensibles dans leur français d'antan. Et bien j'avais tort. Et j'ai appris à apprécier la langue de Molière, mais la lecture qui m'a vraiment accrochée est celle de Lorenzaccio,de Musset. La période Romantique, en fait, me convenait à l'époque puisqu'une adolescente j'étais, et un peu en souffrance comme beaucoup d'ados, hélas. C'est comme cela qu'on se retrouve à écrire des poèmes tous plus douloureux les uns que les autres (questions existentielles, chagrins d'amour...) bref, pour ma part, je me suis réfugiée dans l'art de l'écriture et de "l'écoute musicale" jusqu'à arriver à saturation, puis je suis passée à plus d'optimisme! Il n'en reste pas moins que ce livre est encore en bonne place dans ma bibliothèque. Le thème? En italie, à Florence, après le règne des Médicis, Charles Quint, "pro-pape" a introduit en tant que Duc de Florence son fils Alexandre, débauché et immoral. Lorenzo de Médicis s'introduit, lui, parmi ses amis fidèles tout en cultivant, en vérité, une haine grandissante pour le jeune homme. L'idée de son meurtre va alors l'obséder jusqu'au moment fatal où il lui tendra l'ultime guet-apens. Passionnant!

    Extraits:

    Lorenzo: "Tu ne veux voir en moi qu'un mépriseur d'Hommes! C'est me faire injure. Je sais parfaitement qu'il y en a de bons, mais à quoi servent-ils? Que font-ils? Comment agissent-ils? Qu'importe que la conscience soit vivante si le bras est mort!"

    "Ah! Vous avez vécu tout seul Philippe. Pareil à un fanal éclatant vous êtes resté immobile au bord de l'océan des Hommes, et vous avez regardé dans les eaux la réflexion de votre solitude, vous trouviez l'océan magnifique sous le dais splendide des cieux. Vous ne comptiez pas chaque flot, vous ne jetiez pas la sonde, vous étiez plein de confiance dans l'ouvrage de Dieu. Mais moi, pendant ce temps-là, j'ai plongé, je me suis enfoncé dans cette mer houleuse de la vie, j'en ai parcouru toutes les profondeurs, couvert de ma cloche de verre. Tandis que vous admiriez la surface, j'ai vu les débris des naufrages, les ossements et les léviathans."

    Résumé:

    "Croyant d'abord que la fin sublime qu'il visait justifiait les moyens indignes auxquels il devait recourir, Lorenzo découvre que si l'individu peut essayer, pour lui-même, d'incarner un idéal, il ne pourrait seul, changer l'histoire du monde!"


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