• Chiens et loups

    On est toujours largué, dans un sens,dans la grande mer de notre existence incrédule.
    Au détour de nos vas-et-viens chronométrés, cadencés par le bip du réveil-matin ou les pointages au chômage. En rang dans les bouchons du soir dans notre véhicule personnel ou adossé aux vitres d'un autobus récurent, on surprend parfois une pensée philosophique incongrue. Elle paraît à cents lieues de la réalité, du bruit des moteurs et des gloussements adolescents qui nous entourent, à des années lumière du supermarché qui proposait, hier, des super-promos sur les produits d'hygiène, ou encore, de l'émission télé qui relatait, l'autre jour, les hauts et les bas de l'immobilier... ce qui fait notre monde "extérieur" reflète-t-il vraiment celui qui se terre à l'intérieur?
    Lorsqu'une telle pensée nous prend au dépourvu, on en rougirait presque de peur que les autres (les autres "nous") ne devinent qu'on a rêvé pendant quelques secondes. Quelques secondes où on a décroché du réel pour plonger en nous, quelques secondes qui se sont peut-être reflétées sur notre visage, scrupuleusement impassible en temps ordinaire, neutre, passe-partout, pour ne rien laisser paraître de ce qui nous habite.
    De quoi rêve-t-on? Qu'est-ce qui revient nous hanter durant ces quelques secondes de fugue virtuelle où, pourtant, nous sommes toujours là, dans cette voiture, dans ce bus, au bureau, dans ce corps?
    Comment imaginer qu'au même moment, celui où l'on effectue un trajet perpétuellement identique comme celui où l'on fait réchauffer ce plat "tout prêt" au micro-ondes, comme celui où l'on hésite dans le rayon "fromages", comment envisager que, quelque part sur la planète, un autre "nous"se prépare, en secret, à embarquer sur un radeau de fortune pour fuir un pays corrompu et briseur de libertés?
    Plus loin, un autre tresse une paillasse pour agrémenter sa hutte rudimentaire et, peut-être tout prêt, un autre tend une main implorante aux passants, pour quelques pièces. Tous ces autres "nous" ont-ils les mêmes rêves que nous? En ont-ils seulement? Qu'est-ce qui nous rassemble, au juste? Peut-être est-ce, justement, ce rêve qui ne veut pas s'éteindre, cet espoir qui lutte pour nous maintenir debout.
    A l'extérieur, on vit une vie de façade, obligée, soumise aux lois, aux jugementsdes autres, aux nôtres.
    A l'intérieur, on vit une vie pareille à ce rêve qui ne nous quitte pas, tous autant que nous sommes. Cette chose impalpable, insaisissable, qu'on sent parfois nous effleurer puis, comme le vol d'un papillon, elle nous échappe avec une insouciance et une grâce déconcertante.


  • Commentaires

    1
    ange creation
    Dimanche 23 Mai 2010 à 16:46
    humhum cela prete a reflechir, pas de trop sinon mon neuronne va fumer :D

    j'tembrasse
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